Le coworking est aujourd’hui un phénomène très répandu en Europe. Des opérateurs ont fait leur entrée sur le marché et dans des villes de toutes tailles. Même si le rythme d’adoption des marques de coworking semble s’être légèrement ralenti l’année dernière dans la plupart des pays européens, près de 3 millions de m² ont été utilisés par des opérateurs de coworking dans un échantillon de 25 villes du continent entre 2017 et 2019[1]. Dans le centre de Londres, la principale “ville du coworking” en Europe, ils ont représenté près de 14 % de la surface totale occupée pendant cette période.
Il est probablement encore trop tôt pour évaluer l’impact réel de la crise sanitaire sur le marché du coworking. Cependant, la flexibilité rendue possible par ce modèle pourrait être la garantie de sa durabilité. Les entreprises qui devront réduire leurs coûts pourraient utiliser les espaces de travail collaboratif comme un moyen de louer des locaux sans être liées à des délais précis. La crise entraînera probablement le report de nombreux projets de bureaux en Europe. Une fois de plus, les espaces de travail pourraient être la solution pour les entreprises qui attendent la livraison de leur nouveau bâtiment. Enfin, le retour au bureau sera progressif. Tous les salariés ne pourront pas être au bureau en même temps afin de respecter les mesures de distanciation sociale. Les occupants des bureaux pourraient donc utiliser des centres de coworking pour accueillir certains de leurs employés.
La crise sanitaire va-t-elle accentuer le recours au coworking ? Où va-t-elle le faire évoluer vers un autre modèle ?
« Au-delà de la flexibilité, je pressens trois tendances qui vont inciter les entreprises à avoir recours au coworking. Le retard des chantiers enregistré en raison du confinement oblige les entreprises à utiliser des espaces temporaires le temps de terminer leurs travaux. Aussi, certaines entreprises vont ponctuellement reporter leurs projets immobiliers, et vont chercher des solutions de repli ou d’extension de proximité dans ce type d’espace. Enfin, les espaces de coworking pourraient servir d’espaces de dégagement, de tiers lieux entre le « home office » et le retour progressif au bureau. Les acteurs du coworking devront être attentifs à leur capacité à adresser et à fidéliser dans la durée des grands Corporates, à veiller à la notion de taille critique et de maillage géographique sans délaisser la puissance de la marque et sa perception en matière d’image. Autant de garanties de survie dans un environnement devenu soudainement plus incertain. »
Bertrand Cotard
Director – Letting & Sales, Brussels Office Market